Ce week-end, Troyes célèbre officiellement les 125 ans du football troyen et les 100 ans du Stade de l’Aube.
En apparence, une grande fête populaire, hommage vibrant à une histoire sportive locale. Mais en réalité, beaucoup y voient une mise en scène précipitée, au service d’une stratégie politique à peine dissimulée. Le maire François Baroin, en lice pour un nouveau mandat, semble utiliser cet anniversaire comme rampe de lancement officieuse de sa campagne municipale.
2024, la vraie date. 2025, la vraie manœuvre !
Historiquement, les dates ne trompent pas : le Racing Club Troyen, premier club de football de la ville, est fondé en 1899. Le Stade de l’Aube, initié par Marcel Vitoux, voit le jour en 1924. Ces deux anniversaires ronds tombaient donc logiquement en 2024.
Pourtant, en 2024, aucune célébration d’ampleur. Rien. Silence radio. Puis soudain, en 2025, une mobilisation intense : fan-zones, expositions, matchs de gala, cérémonies officielles. Pourquoi ce décalage ? Une seule explication tient : 2025 est une année électorale. Et à dix mois du scrutin municipal, l’agenda politique prend le pas sur la chronologie historique.
Un événement organisé à la va-vite
Derrière l’apparente festivité, l’improvisation est flagrante. La communication autour de l’événement est brouillonne. Les commerçants du centre-ville ont reçu les flyers à peine quelques jours avant le lancement des festivités. Les affiches sont arrivées tard, les programmes distribués en urgence. La logistique donne le sentiment d’un événement monté « à l’arrache », sans vraie préparation, mais avec un objectif clair : occuper l’espace médiatique et mobiliser les réseaux politiques.
La municipalité s’agite en coulisse pour garantir la présence maximale d’élus et de personnalités. Le signal est clair : il faut que ça se voie, que ça se sache. Le tout à une période peu favorable pour les familles – juste avant le week-end de Pâques, en période de vacances scolaires – ce qui renforce l’idée d’un calendrier dicté non par la convenance du public, mais par l’agenda politique du maire.
Le club au service de la communication
L’ESTAC, club professionnel racheté par le City Football Group, joue son rôle dans l’opération. Depuis plusieurs années, le club s’affiche comme un partenaire étroit de la mairie. Subventions, stade mis à disposition, communication conjointe : tout concourt à entretenir un alignement presque institutionnel. Certains observateurs s’interrogent même sur l’attitude conciliante de la mairie vis-à-vis du groupe City, dont la gestion, parfois contestée par les supporters, ne fait jamais l’objet de la moindre critique publique de la part des élus troyens.
Un détournement symbolique
En somme, Troyes fête le football, mais c’est la politique qui en tire les dividendes. Cette instrumentalisation d’un patrimoine populaire – l’histoire du sport, la passion des supporters, la mémoire locale – au service d’un pouvoir municipal bien installé interroge. Le choix de cette date, les moyens engagés en urgence, l’implication directe du maire et de son entourage font de cet événement un outil électoral, déguisé en hommage populaire.
Les 125 ans du football troyen méritaient mieux qu’un coup de projecteur de campagne
Nous avons besoin de votre consentement pour charger les traductions
Nous utilisons un service tiers pour traduire le contenu du site web qui peut collecter des données sur votre activité. Veuillez consulter les détails dans la politique de confidentialité et accepter le service pour voir les traductions.